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La coccidiose

Nom de la fiche technique: La coccidiose

Besoin/enjeu: Assurer la santé et la survie des agneaux en bergerie

La coccidiose est provoquée par des parasites protozoaires spécifiques à chaque espèce qui, lorsqu’elles se multiplient, causent des dommages à la paroi intestinale. Les symptômes cliniques se manifestent par une diarrhée. La plupart des espèces de coccidioses sont inoffensives, mais certaines sont très pathogènes chez les agneaux. La coccidiose atteint principalement les agneaux âgés de 4 à 8 semaines, bien que certains agneaux plus âgés puissent la contracter lorsque certains facteurs du milieu apparaissent.

Il existe onze souches connues infectant les ovins, mais seules Eimeria ovinoidalis et Eimeria crandallis sont particulièrement pathogènes. Les jeunes agneaux s’infectent par ingestion orale d’ookystes à travers les fèces d’agneaux plus âgés, et parfois de brebis. La sporulation commence 9-28 jours après l’infection, une fois que la température (20-25 °C) et le taux d’humidité (au-dessus de 70 %) sont adéquats. Ces nouveaux ookystes deviennent infectieux 1 à 3 jours après leur arrivée dans milieu : le degré de contamination peut donc augmenter rapidement. De plus, les ookystes sont très résistants et peuvent survivre des mois, voire des années en extérieur.

Les animaux infectés souffrent habituellement de diarrhées et perdent rapidement de l’état, ce qui entraîne une durée de finition plus longue. Les agneaux présentant des dommages intestinaux importants n’arrivent pas à assimiler correctement les nutriments, ce qui impacte leur croissance, et ainsi le poids et la qualité de la carcasse. La maladie peut aussi avoir un impact sur la production laitière et favoriser l’apparition de miasmes. Certains agneaux peuvent ne pas manifester de diarrhées, mais une perte de croissance (coccidiose subclinique). D’autres peuvent être asymptomatiques, mais être particulièrement infestés et contaminer le milieu.

Facteurs de risque

  • Les systèmes d’élevage intensifs
  • Une densité animale trop importante
  • De mauvaises pratiques d’élevage et un apport insuffisant de colostrum
  • D’autres maladies : gastro-entérite parasitaire, carences nutritionnelles et Border disease
  • Un mauvais état physique
  • Un milieu fortement contaminé par les matières fécales
  • Mélanger des agneaux d’âge différents mettra en danger les plus jeunes

Sujet : Santé

Production : Lait / Viande

Catégories animales : Brebis / Agneaux / Agnelles

Enjeu : Parasites

 

 

 

 

 

 

Diagnostic

Mettre en évidence les ookystes de coccidies par un examen coprologique est utile. Toutefois, la diarrhée précède parfois cette possibilité de mise en évidence et identifier l’espèce de coccidie présente peut nécessiter des examens complémentaires. L’identification des espèces de coccidies est indispensable pour s’assurer que le nombre d’ookystes comptés sur la coproscopie soit bien représentatif de la quantité de coccidies pathogènes.

Diagnostics différentiels :

  • Vers intestinaux (par exemple, Nematodirus)
  • Salmonellose
  • Herbe riche et alimentation riche en azote
  • Les diarrhées à rotavirus et la cryptosporidiose touchent plutôt des lots d’agneaux plus jeunes et ces maladies intestinales sont rarement concomitantes avec la coccidiose
  • Border disease

Connaitre l’état d’un lot d’agneaux dès le plus jeune âge s’avère très utile pour évaluer la pertinence de mettre en place un traitement précoce, car il permet de limiter les pertes dues aux coccidioses subcliniques (perte de croissance) et cliniques (perte de poids, voire mortalité). La mise en place d’un traitement adapté permet un gain de temps, d’argent et limite le recours aux médicaments.

  • Les lots d’agneaux allaitants dont la moitié ont plus de 3 semaines d’âge (ne pas attendre qu’ils soient plus âgés).
  • Agneaux à l’engraissement : à l’herbe ou en bergerie, 3 semaines avant le début de l’engraissement.

Agneaux diarrhéiques de plus de 3 semaines : pour évaluer le niveau de contamination et l’état du lot.

Une analyse est faite sur chaque lot :

  • Choisissez 10 agneaux entre 15 jours et semaines d’âge (ne prenez pas d’agneaux de moins de 15 jours) par lot
  • Préférez les agneaux plus faibles ou diarrhéiques (arrière-train souillé)
  • Prélevez 4 crottes par agneau (soit 40 crottes au total) : pour les agneaux diarrhéiques, prélevez l’équivalent d’une cuillère à café de fèces.
  • Placez-les dans un sac/pot
  • Écrasez et mélangez les crottes autant que possible (les laboratoires ne le font pas systématiquement, ce qui peut biaiser les résultats)
  • Identifiez chaque sac par un numéro de parc/lot physique
  • Envoyez au laboratoire/vétérinaire (à température ambiante, inutile de réfrigérer) en demandant la quantité et le type de coccidies.
  • Identifier les différents types de coccidies est important, car elles ne sont pas toutes pathogènes.
  • Interprétation des résultats : si > 10 000 coccidies (toutes espèces) ou > 5 000 coccidies pathogènes dans le mélange fécal, il est recommandé de traiter le lot entier.

Attention : les coccidies sont très résistantes au milieu : traiter un lot très infecté n’empêchera pas la réapparition de cas cliniques chez les agneaux 3 semaines après.

Traitement

Les produits ci-dessous sont à utiliser lorsque le milieu devient un facteur favorisant l’apparition des coccidies et qu’il n’est pas possible de placer les agneaux ailleurs. 

  1. Le diclazuril et le toltrazuril sont utilisés pour réduire la sporulation et la sévérité de la maladie. Un traitement précoce empêche la détérioration chronique de l’intestin.
  2. Le décoquinate est utilisé dans l’aliment pendant au moins 28 jours (ou pendant toute la période à risque). Toutefois, le produit peut empêcher les agneaux d’acquérir leur immunité s’ils sont exposés à un nombre insuffisant de coccidies. Les agneaux (malades notamment) qui n’ingèrent pas assez de supplément ne seront pas protégés.
  3. Les agneaux souffrant de diarrhée sévère doivent être réhydratés à l’aide d’électrolytes, protégés des intempéries et les risques d’infections multiples doivent être examinés.
Prévention

L’objectif principal est de minimiser l’exposition des jeunes agneaux à l’infestation des oocystes dans le milieu. Des produits préventifs ciblés et utilisés de manière ponctuelle peuvent également être une solution.

  • Réduisez la densité animale.
  • Évitez de mélanger des animaux d’âge trop différent.
  • Une carence en oligo-éléments peut être un facteur prédisposant à la coccidiose. Il peut être utile de procéder à des analyses de sang pour exclure toute carence potentielle en oligo-éléments.
  • Surélevez les seaux et les abreuvoirs pour réduire la contamination fécale. 
  • Nettoyez et désinfectez les objets avec lesquels les agneaux interagissent, comme les tétines et les abreuvoirs.
  • Maintenez une ventilation et un écoulement adéquats, fournir de manière régulière une litière abondante.
  • Déplacez les mangeoires sélectives pour éviter l’accumulation d’oocystes dans les zones fortement fréquentées.
  • Éliminez la matière organique et utilisez un désinfectant qui détruit les oocystes.
  • Si possible, évitez les pâtures qui ont accueilli de jeunes agneaux la saison précédente.
  • S’assurer que les agneaux ont un apport énergétique et protéique suffisant
  • Le stress lié à la météo, le transport, la castration et le mélange avec d’autres groupes favorisent le développement de la coccidiose chez les agneaux. Eviter que plusieurs de ces situations n’arrivent en même temps.

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