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Contrôle et prévention de la fièvre catarrhale ovine (FCO)

Nom de la fiche : Contrôle et prévention de la fièvre catarrhale ovine (FCO)

Besoin/enjeu : Réduire l’impact d’une infection virale

Introduction.

La fièvre catarrhale ovine est une maladie virale non contagieuse retrouvée chez les ruminants. Elle se transmet par les piqures d’insectes de type Culicoides. L’agent pathogène est un virus à ARN double brin de la famille des Reoviridae appartenant au genre Orbivirus.  Pour l’instant, 27 sérotypes ont été identifiés. Le pouvoir pathogène de la maladie varie considérablement d’une souche à l’autre. Depuis les années 2000, plusieurs pays européens ont souffert d’épisodes viraux impliquant différents sérotypes (BTV1, 2, 4, 8, 9 et 16) du virus de la fièvre catarrhale.

La FCO affecte les ruminants domestiques et sauvages. Sa sévérité varie en fonction des espèces et des sérotypes. Chez les ovins, les symptômes graves causent une perte de poids, et potentiellement la mort. 

Les signes cliniques se manifestent par une fièvre, des hémorragies des tissus de la sphère oronasale, une sialorrhée, une congestion cutanée du visage, une coronite, un œdème de la région sous-mandibulaire, une cyanose de la langue, ainsi qu’une dyspnée. Certains cas d’infertilité due à une dégénérescence testiculaire ont été recensés chez les mâles atteints de la FCO. Chez les ovins, la sévérité dépend de la virulence de chaque sérotype de FCO : la maladie peut être asymptomatique ou grave avec un taux de mortalité élevé. La morbidité peut atteindre 100 % chez les animaux particulièrement fragiles. La mortalité varie généralement entre 2 % et 30 %, mais peut atteindre 70 %.

    RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DE LA FIÈVRE CATARRHALE

    La FCO s’étend largement dans les régions ou l’insecte vecteur (les moucherons piqueurs du genre Culicoides) se présente : l’Afrique, l’Asie, l’Australie, l’Europe, l’Amérique du Nord et d’autres îles tropicales et subtropicales. Le virus survit dans les zones où le climat favorise la survie des moucherons en hiver.

    En général, les ovins situés dans les zones où la maladie est endémique sont naturellement résistants à la FCO. Les épidémies arrivent lorsque des ovins, notamment les races européennes, sont introduits dans les zones endémiques, ou lorsque le virus est introduit par mouvement de Culicoides infectés vers une région particulière. L’épidémie coïncide généralement avec une augmentation de l’activité des vecteurs lors des périodes de chaleur et de pluie, et disparaît lors des premières gelées et les périodes de froid.

    La carte suivante montre la répartition géographique par région des sérotypes de la FCO et des espèces de Culicoides impliqués dans la transmission.

    LA FCO EN EUROPE

    Les souches 1, 2, 4, 9, 10 et 16 ont été identifiées au sud du continent, notamment dans le bassin méditerranéen. En août 2006, un autre foyer épizootique causé par le FCO à sérotype 8 est signalé aux Pays-Bas. Il s’agissait de la localisation la plus septentrionale où la maladie a été détectée. Les foyers suivants dans les autres pays du nord de l’Europe partagent plusieurs facteurs épidémiologiques : leur latitude nord, les signes cliniques chez les bovins et la capacité de l’insecte à survivre aux hivers européens.

    La carte ci-dessous présente les zones réglementées par sérotype ou groupe de sérotypes installés dans l’UE au 16 novembre 2021.

    Sujet : Santé

    Production : Lait / Viande

    Catégorie animale: Toutes

    CONTRÔLE, PRÉVENTION et ERADICATION DE LA FIÈVRE CATARRHALE

    Les pays affectés disposent de programmes de surveillance, de contrôle et d’éradication qui suivent des lignes d’action :

     Contrôle et prévention directe de la FCO

    Contrôle du vecteur adulte — l’utilisation d’un répulsif a été testée dans plusieurs études expérimentales, mais son application sur le terrain ne s’est pas démocratisée. Les substances chimiques étudiées étaient principalement des pyréthroïdes. L’expérience sur le terrain a démontré que l’application de ces substances peut contribuer à diminuer l’abondance des vecteurs sur les fermes, mais n’empêche pas pour autant les infections.

    L’application directe de pyréthroïdes, comme la deltaméthrine, sur la peau de l’animal ne le protège pas des Culicoïdes. Il a été noté que de nombreuses molécules des répulsifs contribuent à diminuer la présence des Culicoïdes, mais seulement quelques jours.

    Il n’existe pas assez de données disponibles sur les traitements environnementaux, car leur utilisation n’a pas été recommandée. Les résultats de l’étude suggèrent que la désinfection par les pyréthroïdes diminue la population de Culicoïdes pendant quelques jours seulement.  

     Traitements antilarves —Pour mettre en place ce traitement, il est essentiel de situer le lieu de reproduction des insectes vecteurs. Malheureusement, cette activité s’avère difficile pour les Culicoïdes et d’autres espèces, car leurs sites de reproduction sont inconnus. Toutefois, il est bon de savoir que des espèces comme le C. imicola se reproduisent dans les habitats boueux contenant des matières organiques. Il peut donc être pertinent d’éliminer les flaques d’eau et les excréments sur la ferme et les zones alentour.

     Gestion du troupeau —Le Culicoide est actif au crépuscule et la nuit. Rentrer les animaux en intérieur au crépuscule ou avant la nuit peut être un moyen de prévention efficace, bien que certaines pâtures ne permettent pas cette pratique.

     Il est recommandé d’installer des moustiquaires d’un diamètre de 5 mm ou moins sur les fenêtres, portes et autres accès possibles dans les bâtiments.

     Contrôle indirect

    VaccinationLa protection par anticorps est spécifique à chaque sérotype de la FCO. La protection immunitaire croisée contre les autres sérotypes est faible, voire nulle. Une connaissance des sérotypes qui circulent dans la région est donc essentielle.

    Il existe deux types de vaccins contre la FCO : le vaccin vivant atténué et le vaccin inactivé.

    Le vaccin vivant atténué est fabriqué depuis 1947 en utilisant des virus vivants capables de se propager dans l’hôte, mais dont la virulence est très atténuée.

    Le vaccin vivant atténué est peu coûteux et facile à produire. Il s’agit également du seul vaccin accessible pour toutes les souches virales.

    Bien que sa virulence soit limitée, le virus vivant contenu dans ce vaccin exige le suivi de certaines procédures lors de son utilisation. Il faut notamment éviter de l’appliquer sur les animaux en gestation et les mâles. En effet, ces souches virales traversent la barrière placentaire et causent des malformations chez les embryons ou une infertilité transiente chez les mâles.  Le vaccin vivant atténué permet une immunité de plus d’un an. Le vaccin a été utilisé dès les premiers cas de FCO en Europe. Cependant, son utilisation a cessé en UE depuis 2006, car ce virus modifié peut être transmis aux insectes vecteurs.  

    Le vaccin inactivé est un vaccin contenant un virus dont le pouvoir infectieux a été éliminé par des agents physiques ou des substances chimiques. Présent sur le marché depuis 2006, il a l’avantage de pouvoir s’utiliser toute l’année et permet d’adresser les problèmes liés à la restriction de mouvements des animaux vaccinés avec un vaccin atténué, en raison de l’absence de virémie.  L’augmentation de son prix et la nécessité d’avoir d’effectuer un rappel pour atteindre l’immunité sont ses inconvénients notables.

     Restrictions des mouvements des animaux — le mouvement d’animaux vivants, de sperme et d’embryons de zones réglementées vers des zones indemnes est strictement régulé par l’UE et chaque pays individuel.

    Il est généralement interdit de déplacer des ovins, du sperme, des œufs et des embryons provenant de zones affectées par la FCO. La liste des zones indemnes et contaminées est définie officiellement et la liste régulièrement mise à jour par l’autorité chargée de la santé animale, en fonction des conditions épidémiologiques.

    Toutefois, les mouvements sont autorisés dans certains cas et sous certaines restrictions sanitaires qui varient en fonction de l’âge des animaux, s’ils sont destinés à l’abattage, ainsi que la souche de virus impliquée.

    La règle générale est que les animaux ne doivent pas être placés dans les fermes touchées ou dans des fermes situées dans des zones où l’infection est virale.

    Dans le cas où les animaux sont emmenés à l’abattoir, le mouvement doit s’effectuer le jour après l’application cutanée d’un répulsif. L’abattage quant à lui doit aussi s’effectuer dans les 24 heures. En général, le transport d’animaux vivants est sujet à des restrictions strictes : mise en quarantaine en intérieur 60 jours avant le départ, 28 jours dans une zone géographique (province ou municipalité) où les programmes de surveillance sérologique et entomologique ont confirmé l’absence de circulation du virus dans une période donnée de l’année. L’évaluation se fonde à la fois sur les données de l’année en cours et sur les données historiques.

     Surveillance

    La surveillance doit s’effectuer en fonction des notions sur la pathologie et l’épidémiologie de la maladie, la biologie du vecteur et les facteurs environnementaux (géographiques et climatiques) d’un territoire donné.

    Les mesures principales comprennent le suivi sérologique d’animaux sentinelles et le recours à des pièges entomologies afin de contrôler la présence du virus chez les insectes vecteurs. La surveillance clinique s’effectue également dans les zones situées autour des foyers épizootiques.

    L’Italie et l’Espagne disposent de mesures de surveillance nationales de la FCO qui sont révisées chaque année en fonction des résultats obtenus. Le but est de détecter rapidement toute circulation virale dans les zones indemnes, de prévenir la propagation et d’appliquer les bonnes mesures de contrôle.

    Dans les zones infectées, la surveillance sérologique et entomologique a pour objectif principal de repérer la circulation de nouvelles souches et de contrôler la propagation des souches déjà présentes dans la région.

    La surveillance entomologique vise à repérer la présence/absence du vecteur, les espèces vectrices présentes, leur répartition géographique et les dynamiques saisonnières.

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