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Ce document de 2 pages présente les connaissances et les stratégies actuelles pour réduire la mortalité des agneaux.

Réduire la mortalité des agneaux

Le défi

Le taux moyen de mortalité des agneaux (de l’échographie à mi-gestation jusqu’au sevrage ou la vente) est d’environ 15 à 20% à travers le monde et induit une réduction significative des marges financières des élevages. De fortes disparités entre élevages sont cependant observées avec des taux de mortalité variant de 3% à presque 50%. La mortalité dans les 2 premiers jours suivant la naissance est la plus élevée et près de la moitié de la mortalité totale est observée durant la première semaine de vie. En comparaison des adultes, le risque de mortalité demeure élevé chez les agneaux durant toute la phase de croissance.

Etat des connaissances

Les causes de mortalité des agneaux ont été décrites dans de nombreux pays. Elles comprennent principalement : 1) les difficultés de naissance (dystocie), à l‘origine d’hypoxie (manque d’oxygène) ou de traumatismes, 2) une incapacité à s’adapter à la vie postnatale et/ou une mauvaise relation mère-agneau qui peuvent conduire à la mort par inanition-hypothermie, 3) les maladies infectieuses, 4) les malformations congénitales, 5) la prédation et 6) les accidents. L’importance relative de ces causes varie selon l’âge des agneaux : ainsi les agneaux nouveau-nés sont plus à risque de mourir des suites de difficultés de naissance ou d’inanition-hypothermie, alors que les maladies infectieuses affectent plus fréquemment les agneaux plus âgés. Les causes de mortalité diffèrent aussi selon les systèmes d’élevage : les agnelages en bergerie, par exemple, limitent les risques d’hypothermie ou de prédation, mais peuvent favoriser les maladies infectieuses. A l’inverse les agneaux nés au pâturage sont plus à risque de mourir d’inanition-hypothermie ou de prédation, mais subissent des pressions d’infection moindres.

                Les principaux facteurs de risque influençant la mortalité des agneaux sont les suivants :

Alimentation des brebis : par rapport aux brebis correctement alimentées, les brebis sous alimentées pendant la gestation donnent naissance à des agneaux plus légers, ont un comportement maternel moindre et ont une production de colostrum et de lait réduite et de qualité moindre. Les agneaux de faible poids mettent plus de temps à se tenir debout et à aller téter à la naissance, et ont plus de difficultés à maintenir leur température corporelle en raison de réserves énergétiques moindres et d’un rapport surface/poids augmenté qui favorise les pertes de chaleurs. Les effets d’une sous-alimentation sur le comportement maternel et sur la production de colostrum et de lait conduisent à une croissance plus lente de ces agneaux et à une augmentation du risque de mortalité liée aux maladies infectieuses. Les carences marquées en certains minéraux et oligoéléments (cobalt, sélénium, iode par exemple) chez la brebis augmentent aussi le risque de mortalité des agneaux mais, en l’absence de carence, une supplémentation minérale et vitaminique n’améliore pas la survie des agneaux.

Taille de portée : les agneaux nés de portées triples et plus sont beaucoup plus à risque de mourir que les agneaux nés simples ou doubles. Ils sont généralement plus légers à la naissance (avec les conséquences décrites précédemment) mais sont aussi moins actifs, ont plus de difficultés à maintenir leur température corporelle et mettent plus de temps apprendre à reconnaitre leur mère que des agneaux simples ou doubles de poids équivalent. Ceci pourrait être lié à un défaut de développement placentaire qui limiterait les apports en oxygène et en nutriments pendant la gestation, ainsi qu’à une production de colostrum et de lait insuffisante.  

Brebis inexpérimentées : comparées aux brebis multipares, les brebis primipares, quel que soit leur âge, ont des durées de mise-bas plus longues, donnent naissance à des agneaux plus légers, et peuvent avoir un comportement maternel moindre ou retardé. Elles sont aussi plus sensibles aux perturbations extérieures lors de l’agnelage.

Génétique : la race, mais aussi la lignée et le bélier intra-race influencent la facilité d’agnelage et la vigueur de l’agneau (capacité à se tenir debout et à téter rapidement après la naissance). Ces caractères sont héritables, suggérant des possibilités de sélection génétique. Des différences entre races ou lignées sur des critères de comportement maternel et de quantité et/ou composition du colostrum et du lait ont aussi été démontrées.

Stress: à l’échelle individuelle, le stress et les perturbations peuvent conduire à l’allongement de la mise-bas, conduisant à un risque accru de traumatismes ou d’hypoxie chez l’agneau naissant et à l’expression moindre du comportement maternel chez la brebis. Une densité animale trop importante lors de l’agnelage peut perturber la mise-bas, augmenter les risques d’abandon ou de mauvais établissement du lien mère-agneau, et réduire la fréquence des tétées par l’agneau.

Environnement à l’agnelage : que ce soit au pâturage ou en bergerie, le lien mère-agneau(x) sera d’autant mieux établi que les brebis auront passé du temps dans un environnement qu’elles jugent favorable et sécurisant pour la mise-bas. Au pâturage, il est important de disposer de sites de mise-bas abrités (naturels ou construits) auxquels les brebis sont habituées, afin de procurer aux agneaux une protection contre la pluie, le vent, voire la neige. Une mauvaise hygiène à l’agnelage accroit le risque d’ingestion d’agents pathogènes par l’agneau nouveau-né, alors que son tube digestif est encore très immature et que l’immunité passive procurée par le colostrum n’est pas encore effective. 

Les stratégies d’amélioration

La plupart des causes de mortalité peuvent être prévenues et évitées. Un des points clés est la tétée par l’agneau d’une quantité suffisante de colostrum de bonne qualité, le plus rapidement après la naissance. Une tétée précoce favorisera l’établissement d’un lien mère-agneau fort et durable, limitera les risques d’inanition/hypothermie et assurera une protection vis-à-vis de certaines maladies infectieuses. Les principaux leviers d’amélioration de la survie des agneaux comprennent la sélection d’animaux adaptés à leur environnement et au système d’élevage, la couverture des besoins alimentaires des brebis, notamment en fin de gestation, et la réalisation des agnelages dans un environnement calme et propre.

Les étapes suivantes

L’enregistrement systématique des mortalités, et l’identification des principales causes et des principaux facteurs de risque associés, souvent propres à chaque élevage, constituent des étapes clés pour la mise en place de stratégies et de mesures de maitrise visant à améliorer la survie des agneaux.

Les points clés

  • La mortalité des agneaux peut être limitée par l’identification et la maitrise des principales causes et des principaux facteurs de risques propres à chaque élevage.
  • La couverture des besoins alimentaires des brebis, notamment en fin de gestation, est essentielle pour améliorer de la survie des agneaux.
  • La réalisation des agnelages dans un environnement adapté, calme et propre, le respect des bonnes pratiques d’hygiène et l’adéquation entre le type génétique des reproducteurs et le système d’élevage, sont aussi des éléments majeurs pour la maitrise de la mortalité des agneaux.

 

Contact: cette note a été rédigée par le Pr. Cathy Dwyer, SRUC, et traduite par Dr Fabien Corbière (ENVT) pour le programme SheepNet (WP2). Pour plus d’informations : WWW.sheepnet.network

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