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L’impact du génotype sur la productivité de la brebis et ses performances sur la carrière

Titre : L’impact du génotype sur la productivité de la brebis et ses performances sur la carrière

Besoin/enjeu : Performance/productivité

Introduction :

La productivité de la brebis, c’est à dire le nombre d’agneaux sevrés par brebis mise en lutte, est un facteur décisif dans la rentabilité de la production d’agneaux. La taille de la portée, le taux de mise bas et la survie des agneaux sont tant de facteurs qui influent sur la productivité de la brebis.

Cependant, cette productivité est relativement stable, avec environ 1,3 agneaux sevrés par brebis mise en lutte sur les fermes irlandaises de plaines au cours des 30-40 dernières années. Cette absence d’amélioration est sans doute due à la très faible utilisation de types génétiques prolifiques pour les brebis. Actuellement, 73 % des brebis de plaines sont mises en lutte avec des béliers de races Suffolk, Texel ou Charolais. Deux de ces races ont une productivité intrinsèquement faible. Les brebis Suffolk et les croisements de Suffolk représentent 55 % des brebis de plaines. Dans ces mêmes conditions d’élevage, la Belclare a environ 2,2 agneaux par portée mais représente seulement 10 % des brebis dans les troupeaux des plaines irlandaises.

L’impact de la productivité est important car le coût de production affectée à l’élevage des reproducteurs peut être réduit en augmentant le nombre d’agneaux produits par brebis sur la carrière. Le nombre d’agneaux élevés par brebis sur une vie est lié à son index prolificité (génotype de la brebis).

    Pays : Irlande

    Ovin lait et/ou viande : Viande

    Catégorie animale : Brebis et renouvellements

    Effet du génotype de la brebis

    Plusieurs essais menés par Teagasc à Athenry, et auparavant à Belclare, Blindwell et Knockbeg, ont évalué l’effet du génotype de la brebis sur sa productivité. Ces essais ont débuté dans les années 1980 et ont pris fin en 2006. Des brebis Blackface ou Cheviot ont été mises en lutte avec des béliers de différentes races pour produire des croisements. Les agnelles ont ensuite été suivies sur 3 cycles de production, c’est à dire 3 portées. Ces croisements ont été conduits dans un système herbager en plaines pour produire des agneaux d’herbe (résultats de l’étude présentés en Tableau 1). Le nombre d’agneaux par brebis saillie variait jusqu’à 0,44 agneaux en fonction du génotype, soit environ 65 € par brebis saillie. Le génotype des brebis les plus prolifiques étaient le Belclare-X et le Charollais-X. Par rapport aux brebis Belclare-X, les brebis Suffolk-X et Texel X ont élevé 0,21 agneaux de moins par brebis saillie.

    Tableau 1. Effet du génotype de la brebis sur sa productivité (agneaux élevés par brebis saillie)

    Race du géniteur de la brebis

    Agneaux élevés/brebis saillie

    Belclare

    1.70

    Charollais

    1.66

    Blue Leicester

    1.55

    Vendéen

    1.51

    Bleue du Maine

    1.51

    Border Leicester

    1.51

    Texel

    1.49

    Suffolk

    1.49

    Rouge de l’Ouest

    1.37

    Galway

    1.35

    Charmoise

    1.27

    Cheviot

    1.26

    (Source : Hanrahan and Keady 2014)

    L’essai d’Athenry

    n essai récent a été mis en place pour évaluer les effets du génotype de la brebis (≥75% Suffolk, Belclare×Suffolk, Belclare pure-race) sur la performance des brebis sur leur carrière. La race Suffolk a été sélectionnée car elle constitue plus de la moitié du cheptel national. La Belclare a été sélectionnée pour sa haute productivité. Les brebis Belclare et Belclare x Suffolk sont nées à Athenry, tandis que les >>75 % de brebis Suffolk ont été achetées dans des fermes à Galway, Mayo et Roscommon. Elles sont toutes nées en mars et conduites dans un même lot à partir de 4 mois d’âge, puis gardées jusqu’à la fin de leur carrière. Des béliers Charolais ont été utilisés pour éviter les confusions entre les races maternelles et terminales et pour maximiser la vigueur hybride des agneaux.

    Les agnelles ont été mises en lutte pour une première portée à l’âge d’un an. À la mi-décembre, celles-ci ont été gardées en bergerie, tondues et nourries à l’ensilage d’herbe. La quantité de concentrés distribués en fin de gestation dépendait de la taille de la portée attendue et la valeur énergétique de l’ensilage. Les brebis ont ensuite été mises à l’herbe après l’agnelage. Les brebis suivies d’un seul ou deux agneaux n’ont pas reçu de concentrés, tout comme leur progéniture. Les brebis triples ont reçu 0,5 kg de concentrés par jours après la mise-bas et leurs agneaux ont eu accès à 0,3 kg de concentrés par jour jusqu’au sevrage. Les brebis qui mettaient bas à l’âge d’un an (et leurs agneaux) étaient conduites comme les brebis triples. Les concentrés ont été retirés au sevrage.

    L’effet du génotype de la brebis sur ses performances et celles de sa progéniture lors d’une mise-bas à 1 an, 2 ans et à maturité sont décrits en Tableau 2.

    Agnelles :

    Les agnelles Belclare avaient des portées plus grandes que les Belclare×Suffolk et les >>75 % de génotypes Suffolk. Elles élevaient respectivement 0,16 et 0,35 agneaux en plus par brebis mise en lutte par rapport aux génotypes Belclare×Suffolk et >>75 % Suffolk. La moyenne poids carcasse des agneaux à l’abattage était de 20,5 kg. Les agneaux provenant de brebis Belclare×Suffolk étaient abattus plus jeunes, cette meilleure croissance était probablement due à leur vigueur hybride.

    L’effet du poids au moment de la lutte sur la probabilité qu’une brebis élève au moins un agneau à 1 an a été utilisé comme indice d’efficacité, car il reflète les différences dues à la mortalité des brebis et des agneaux, à la taille de la portée et à la fertilité des brebis. Le génotype de la brebis a peu d’effet car la probabilité de produire au moins un agneau augmentait avec son poids à la mise en lutte. Pour qu’il y ait 90 % de chances d’élever au moins un agneau, le poids corporel des agnelles à la lutte devrait être de 48,5, 51,2 et 60,0 kg pour les agnelles Belclare, Belclare×Suffolk et ≥75 % Suffolk respectivement. Ainsi, les agnelles Belclare, Belclare×Suffolk et ≥75 % Suffolk devraient être à 63 %, 64 % et 72 % de leur poids mature lorsqu’elles sont saillies à l’âge de 7,5 mois pour avoir 90 % de chances d’élever au moins un agneau.

    Mise-bas à 2 ans : Les Belclare et Belclare×Suffolk ont respectivement produit 0,25 et 0,23 plus d’agneaux par brebis saillie que les >>75 % de brebis Suffolk. Le génotype des brebis n’avait aucun effet sur la performance des agneaux, de la naissance à l’abattage. Les agneaux ont été abattus en moyenne à 202 jours pour un poids carcasse moyen de 20,6kg.

    Mise-bas à l’âge adulte : Les brebis Belclare et Belclare×Suffolk adultes (3 ans et plus) sont plus prolifiques : 0,28 et 0,41 agneaux supplémentaires par brebis saillie par rapport au génotype des >>75 % Suffolk. Les agneaux ont été abattus en moyenne à 171 jours pour un poids carcasse moyen de 21,4kg. Les agneaux issus des brebis Suffolk >>75% étaient plus âgés de 13 et 6 jours à l’abattage que les agneaux issus des brebis Belclare et Belclare×Suffolk.

    Performance sur la carrière : le génotype a eu peu d’impact sur le nombre de mise-bas, bien qu’elles étaient plus élevées chez les Belclare×Suffolk. Toutefois, en impactant leur prolificité, le génotype des brebis avait un grand impact sur le nombre d’agneaux produits sur leur vie. Les brebis Belclare×Suffolk ont élevé 1,4 agneaux de plus que les Suffolk >>75%.

    Tableau 2 : Effet du génotype de la brebis sur leur performance en tant qu’agnelles, à 2 ans et au stade adulte

     

     

    Génotype de la brebis

    Âge au moment de la mise-bas

     

    Belclare

    Belclare×Suffolk

    >75% Suffolk

    1 an

    Taille de la portée

    1.65

    1.41

    1.26

     

    Agneaux élevés/brebis mise en lutte

    1.2

    1.0

    0.8

     

    Poids agneaux au sevrage (kg)

    29.0

    31.9

    30.9

     

    Âge agneaux à l’abattage (jours)

    207

    190

    201

    2 ans

    Taille de la portée

    1.90

    1.84

    1.59

     

    Agneaux élevés/brebis mise en lutte

    1.61

    1.59

    1.36

     

    Poids agneaux au sevrage (kg)

    30.0

    30.9

    29.6

     

    Âge agneaux à l’abattage (jours)

    203

    201

    204

    ≥ 3 ans

    Taille de la portée

    2.02

    2.12

    1.77

     

    Agneaux élevés/brebis mise en lutte

    1.62

    1.75

    1.34

     

    Poids agneaux au sevrage (kg)

    33.9

    35.0

    33.7

     

    Âge agneaux à l’abattage (jours)

    171

    164

    177

    Nombre de mise-bas sur la carrière

    3.5

    3.8

    3.6

    Nombre d’agneaux sur la carrière

    6.0

    6.7

    5.3

    Conclusions

    • Le génotype de la brebis influe sur sa productivité, jusqu’à 0,44 agneaux en plus par brebis.
    • Les croisements Belclare ont une meilleure prolificité que la plupart des autres croisements.
    • L’utilisation de géniteurs Belclare a augmenté de 25 % la production d’agneaux sur une carrière, soit environ 200 € en plus.

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